Féminisme et « Welfare States »: qu'en pense l'histoire?
Hedwige PEEMANS-POULLET
Analyse N°7/2013
Objet de l'analyse:
La critique féministe de la protection sociale est généralement empreinte de la conviction qu'elle s'inscrit dans les réalisations d'un État patriarcal et que celui-ci est seul initiateur de ces systèmes sociaux. À la lumière des exemples belges analysés d'une manière historique et féministe, il apparaît que les choses sont plus subtiles. Les systèmes de protection ont été également l'émanation de groupes de femmes qui cherchaient par ce biais, non seulement une assurance en cas de difficultés sociales mais aussi un moyen d'instaurer une solidarité horizontale et une issue à des situations de tutelle familiale ou autre. Le potentiel émancipatoire des sociétés de secours mutuels visait et vise donc à la fois le "marché" et l'"État".
Ce texte montre ce que les systèmes actuels doivent à la domination patriarcale mais aussi au renoncement des femmes et de leurs mouvements. Une leçon salutaire qui indique que, loin d'une mécanique fatale, les politiques publiques sont issues de tensions et d'alliances à tout moment susceptibles d'être déconstruites et remaniées.